Lorsque l’on pense à l’architecture moderne, des images de gratte-ciels en verre qui s’élèvent à l’infini vers les cieux nous viennent en tête. Et pourtant ! La modernité en architecture, qui se définie par un rejet des formes du passé et les innovations techniques, apparaît bien avant, au début du XXe siècle.
Parmi les styles qui préfigurent l’arrivée des grandes tours postmodernes, il y l’Art déco. Celui-ci naît dans l’effervescence des années folles de l’entre-deux-guerres, entre les concerts de jazz et les expositions des toiles de Matisse et de Picasso.
Né en France, le style est rendu célèbre pendant « L’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes » organisée à Paris en 1925, d’où son appellation « d’Art déco » ! Par la suite, ce sont les architectes américains et canadiens qui s’approprient ce style à leur façon.
En architecture, l’Art déco est connu pour ses constructions fonctionnelles, rationalistes, géométriques et empreintes d’une certaine sobriété, aux antipodes de la mode des fioritures victoriennes. Ce style moderne a connu son heure de gloire jusqu’au milieu des années 1950.
Comment reconnaît-on un bâtiment Art déco?
Un bâtiment Art déco mise sur sa verticalité, qui est souvent accentuée par des dégradés et des retraits, un peu comme une pyramide maya ou un gâteau de mariage ! Cette forme n’est pas le fruit d’un créateur fantaisiste, mais plutôt le résultat d’une réponse architecturale fonctionnelle suite à l’imposition de règlements municipaux instaurés dès l’apparition des premiers gratte-ciels dans les grandes villes nord-américaines pour limiter les surenchères de hauteurs et préserver une certaine luminosité dans les centres-villes.
On reconnaît également les édifices Art déco par leur ornementation originale. En effet, ceux-ci sont décorés avec des motifs géométriques, comme des losanges ou des triangles, ou encore avec des formes simplifiées de vagues, ou d’épis de maïs. Les matériaux utilisés pour les façades, mais aussi pour les hall d’entrée, sont raffinés, comme du granit, de la pierre taillée ou du marbre, ou encore de nouveau matériaux modernes comme l’acier. Certains bâtiments empruntent aussi les courbes et certaines décorations des grands paquebots. C’est ce que l’on appelle la mode «streamline».
Une mode, de Montréal à New York
Sur la Place d’Armes, à Montréal, s’élève l’édifice Aldred, œuvre des architectes Barott et Blackader. Complété en 1931, ce luxueux immeuble à bureaux est doté de tous les services modernes pour l’époque (ascenseurs ultra-rapides, système d’aspirateur central, incinérateur). Il adopte une forme sophistiquée en gradins. Nommé en l’honneur de J. E. Aldred, président de la Shawinigan Water and Power Company, le bâtiment fait seulement 98 mètres de haut et compte 23 étages, ce qui semble petit selon les standards new-yorkais.
Dans la Grosse Pomme, le fameux Chrysler Building surplombe la ville et adopte le style Art déco avec plus d’exubérance. Conçu par l’architecte William Van Alen, ce bijou de Manhattan incarne parfaitement l’incandescence de «la ville qui ne dort jamais » dans les années 1920 et les surenchères autour de la construction gratte-ciels prestigieux auxquels se livrent des magnats richissimes comme le vendeur d’automobiles Chrysler.
L’édifice de 77 étages est orné d’aigles, mais aussi d’ailes faisant référence aux bouchons de radiateur des anciennes voitures Chrysler ! L’élément le plus reconnaissable du gratte-ciel est sa flèche est constituée de fenêtres triangulaires. L’intérieur vaut aussi le détour : composé de matériaux divers tels que l’acier, le granite, le marbre marocain et le marbre jaune, il accueille encore aujourd’hui des travailleurs, mais aussi des millions de visiteurs venus admirer ce joyau de l’Art déco,
Parmi les destinations offertes par ClasseTrotteur, New York, Boston et Chicago offrent de beaux exemples d’édifices Art déco. Ouvrez les yeux et essayer de les reconnaître !