Que vous soyez fan de films comme Taxi Driver, Do the right thing ou du film culte The Warriors, vous avez surement déjà entendu parler de la décadence de la ville de New York. Des années 1960 à la moitié des années 1990, certains arrondissements de la ville étaient de véritables trous à rat. Drogues, prostitution, meurtres et violence de toute sorte.
La ville était salle. La police corrompue.
Dans certains coins du Bronx, les pompiers nâosaient mĂȘme pas sây aventurer en cas dâappel de feu. Bryant Park Ă©tait une piquerie Ă ciel ouvert, Grand Central Terminal un lieu de squat dĂ©goĂ»tant et Times Square, un endroit⊠trĂšs peu recommandable. Au sommet de sa dĂ©cadence, on recensait 2245 meurtres dans la mĂ©tropole en 1991.
27 ans plus tard (2018), “seulement” 289 meurtres Ă©taient recensĂ©s. Du jamais vu depuis les annĂ©es 1950. Pour mettre en perspective, avec prĂšs de 8,5 millions dâhabitants, New York comptabilisait autant dâhomicide quâĂ Baltimore, une ville de 620 000 habitants. Ce qui fait actuellement de New York une mĂ©galopole extrĂȘmement sĂ©curitaire oĂč le tourisme et le secteur immobilier est fleurissant.
Comment New York a-t-elle pu changer aussi drastiquement en un aussi court laps de temps? La transformation de New York est lâune des histoires les plus saisissantes dans les annales des forces de lâordre.
La vitre brisée
La genĂšse de ce changement a pris forme dans un article de Nathan Glazer paru en 1979. Dans son texte On subway graffiti in New York, lâauteur argumentait que ce vĂ©ritable fiasco criminel Ă©manait de lâinhabiletĂ© des autoritĂ©s Ă contrĂŽler ne serait-ce quâun simple crime comme la prolifĂ©ration des graffitis. Selon lâauteur, cette mollesse dans le maintien de lâordre crĂ©ait une gradation vers le chaos. Si les autoritĂ©s ne sont pas en mesure de faire respecter lâordre concernant un mĂ©fait mineur, comment seraient-ils prĂ©parĂ©s Ă Ă©lucider de multiples homicides? De lĂ Ă©manait lâorigine de la thĂ©orie de la vitre brisĂ©e.
AprĂšs les intellectuels, ce sont les politiciens et hommes dâaffaires qui mirent lâĂ©paule Ă la roue. En engageant une main-dâĆuvre privĂ©e afin dâassurer la sĂ©curitĂ© et en mettant Ă contribution des sans-abris pour le nettoyage des rues, des agences et institutions commencĂšrent Ă reprendre en main les rues et attraits de New York (business improvement district).
Au dĂ©but des annĂ©es 1990, les dirigeants se concentrĂšrent sur la sĂ©curitĂ© et le maintien de lâordre dans les transports de la ville. Avec les doctrines sociales de la thĂ©orie de la vitre cassĂ©e et la mise en place du systĂšme de gestion des crimes CompStat, le maire Rudolph Giuliani ainsi que le commissaire Bratton dĂ©cidĂšrent de redresser le navire avec fermetĂ©. DorĂ©navant, tolĂ©rance zĂ©ro pour les vols, vandalisme et autres dĂ©rĂšglements publics. En plus dâenrayer avec vigueur les cas dâintoxication publique, attentat Ă la pudeur ainsi que les vols de stĂ©rĂ©os de voitures, le tandem Giuliani/Bratton commencĂšrent aussi Ă enrayer la menace de la mafia et autres groupes criminalisĂ©s.
Non sans controverses, ces tactiques radicales eurent lâeffet escomptĂ©. Entre 1990 et 1999, le taux dâhomicide chuta de 73%, on remarqua une baisse de 66% des vols et finalement, un dĂ©clin de 40% des voies de faits.
Malheureusement, le maire Rudolph Giuliani nâĂ©tait pas Ă ses derniers embĂȘtements. Il devra faire face Ă des Ă©vĂ©nements inattendus qui changĂšrent lâimage de lâAmĂ©rique : les attentats du 11 Septembre 2001. Avec son calme face Ă la tempĂȘte, son leadership et son travail acharnĂ©, le maire Giuliani fut en mesure dâunir les new-yorkais face Ă cette tragĂ©die. PrĂ©sent sur tous les fronts, son implication pour la ville de New York lui vaudra le titre informel du Americaâs mayor.